Aujourd’hui il m’a touché le dos, volontairement, il voulait me montrer où se situent les dorsaux pour me faire remarquer que je n’en avais pas. J’ai frissonné, j’ai frémi, à son contact mon corps tout entier s’est raidi. Il a les yeux rieurs, en fait c’est parce qu’il rit pour rien je crois. Il est blond, il a une boucle d’oreille à l’oreille gauche. Je n’aime pas les blonds, encore moins les boucles d’oreille. Et son nez est trop grand. Il n’a pas l’âge de ceux que je côtoie d’habitude. Il n’a pas l’âge pour que je le baise juste, il a l’âge pour que je l’aime. Il est la raison qui me fait aimer mon job d’été. Il me traite de menteuse, dit que je suis laide. Si ça commence, ça durera. Je veux bien rejouer, je me sens de nouveau prête à pleurer, il saura essuyer mes larmes. Et je n’achèterai plus de capotes. Et je passerai tout l’été la allongée, la tête sur son ventre, sur l’herbe de tous les parcs parisiens. Même que nos rires feront retentir la ville.
Je le connais seulement depuis trois semaines, oui en plus d’être une gentille catin, je suis une incorrigible rêveuse. Je déteste les histoires d’amour mais tous les soirs avant de me coucher je m’en invente une. Une belle, une grande, une banale. Une qui me rappelle que je reste une gamine.